Amzer Gwechall - Pouldergat

C

ourriers de soldats pendant la guerre 14-18


Nous vous proposons ci-dessous, des courriers de soldats de Pouldergat ou Pouldavid expédiés à leur famille, pendant le temps de leur présence au front. Ils témoignent des terribles conditions dans lesquels ils vécurent, de la préoccupation de leur famille...

Courriers de Alain Jolivet de Listry-Vras, mort le 30/08/1917 à Compiègne (60) des suites de ses blessures

Carte postale n°1 : Attichy, le 30 décembre 1914

Ma chère Germaine,
J’avais reçu ta lettre, hier au soir, avant de me coucher. Je te remercie beaucoup de tes vœux de bonne année. Je t’envoie cette carte pour te faire connaître notre vie dans les tranchées. Alors tu vois quand il tombe de la pluie, on est frais là dedans. Enfin je te quitte d’ici l’année prochaine avec l’espoir que les derniers jours de l’année prochaine ne se passent pas comme ceux-ci.
Je t’envoie un fort baiser à tous deux. Bloavez Mad d’eoch.
Alain Jolivet
Attichy est une commune française située dans le département de l'Oise en région Picardie, en vallée de l'Aisne. Chef-lieu éponyme du canton regroupant vingt communes et 16 390 habitants au 1er janvier 20101. (source WIKIPEDIA).

Carte postale n°2 : Le 18 Juillet 1915

Ma chère Germaine,
J’ai eu ta lettre hier avec plaisir. Aujourd’hui le temps est très beau mais hier il a fait très sauvage. Je viens d’arriver en 1ère ligne à l’instant et je vois que toute la tranchée est démolie par les bombes. Nous sommes plus loin aujourd’hui que d’habitude. On est à la droite de l’autre fois tout près de Quennevières. Hier l’artillerie n’a cessé de tirer par ici. Nous avons des trous très profonds pour s’abriter. Tout est creusé dans le roc.
Alors Yvonne est contente de sa bague. Pour M. Riou, je ferai si je trouve l’occasion de faire. La santé est toujours à peu près la même. Moral assez bon. Hervé m’a eu d’envoyer cette carte avec un tout petit morceau de papier. Par ailleurs, je vois rien à te dire. Je t’embrasse de loin.
Ton dévoué Alain Jolivet

L'enlèvement du saillant de Quennevières.
(Journal officiel du 11 juin 1915)(Recherche sur internet)
Entre l'Oise et l'Aisne, à l'est de la région vallonnée que couvre la forêt de Laigue, se déploie un vaste plateau compartimenté par le cours raviné des ruisseaux qui descendent vers l'Aisne. C'est un pays de grande culture, d'un vaste horizon.
Quelques boqueteaux marquent l'emplacement des fermes (Ecaffaut, Quennevières, Touvent, Les Loges), grands bâtiments entourés de vieux arbres. Les tranchées sillonnent le plateau, striant de raies brunes les champs où le blé et l'avoine ont poussé à l'aventure dans les chaumes de l'an dernier. Ecaffaut, Quennevières sont dans nos lignes. Les Loges et Touvent sont à l'ennemi. Le plateau est incliné en pente légère de l'ouest vers l'est.

Carte postale n°3 : Le 19 mai 1915

Ma chère Germaine,
Aujourd’hui, nous avons eu un peu de pluie pour passer la nuit assez bien, toujours sans dormir puisque je me suis habitué, je ne fais plus de cas. J’ai reçu ta lettre de samedi hier au soir avec plaisir. Au moins maintenant, tu seras contente de voir ma gueule endormie. J’ai les yeux presque fermés. C’était la faute du photographe, il avait tiré sans nous prévenir. Je venais de fermer les yeux juste au moment.
Je t’envoie mille baisers à vous deux.

Carte expédiée à la famille par Germaine en visite auprès de son mari Alain, blessé : Soissons, le 7 août 1917

Cher parent,
Je suis arrivé depuis dimanche à 3 heures. Tout de suite en arrivant, j’ai pu voir Alain qui se trouve un peu mieux. Je suis resté toute la journée avec lui jusqu’à 8 heures du soir et on dort tout auprès de l’hôpital. Je vais rester jusqu’à jeudi ici, ainsi je n’arriverai que pour la fin de la semaine. Alain vous souhaite le bonjour et un bon baiser à Yvonne pour nous deux et à vous tous.
Germaine
En haut de la carte : JMJ (pour Jésus, Marie, Joseph)
Donne des nouvelles à ceux de Listry-vras


Lettre de Corentin Le Gall, prisonnier de guerre à DARMSTADT, en Allemagne

Le 5 juillet 1917
Ma bien chère femme,
Je m’empresse de répondre à ta lettre du 15 juin que j’ai reçu ...(illisible ou censuré)… en bonne santé quant à la mienne, elle est très bonne en ce moment et je désire de tout cœur que ma lettre te trouve de même ainsi que les enfants. Chère femme, je te dirai que j’ai reçu ton colis du 30 mai, je l’ai reçu en très bon état et maintenant 3 paquets de vermicelle, 1 paquet de nouilles, 1 morceau de lard et 5 paquets potage.
Tu me dis aussi dans ta lettre que tu n’as pas même fait photographier les enfants, ce qui fait que tu n’as pas pu m’emmener les photos. Eh bien trouve un moyen de les faire photographier et dès que tu les auras, tu auras la bonté de me les envoyer de suite.
Mais ce qui me peine, c’est de lire dans ta lettre que notre petite Mimie est un peu maladive. Enfin, chère femme, il faut espérer qu’elle ne sera pas beaucoup plus gravement. Ce qui me comble, c’est que notre petite Jeannette est bien gaillarde, car depuis qu’elle marche seule, il me semble que tu dois être un peu plus tranquille dans la maison. Tu m’annonces qu’Yvon Hascoët ainsi qu’Albert et Alain Cariou, Jacques Puchet et Louis Civy étaient venus en permission. He bien, cela m’a fait plaisir. Ils sont plus chanceux que moi. Que veux-tu, c’est comme çà. En même temps que la lettre, je t’envoie une photo pour Maria qui je pense lui fera plaisir et lui diras que je lui écrirais bientôt. Tu me diras un peu si Yvon fait des progrès à l’école. Je ne tiens pas qu’il soit ignorant. Je ne vois pas autre chose à te dire.
Reçois chère femme ainsi que les enfants, la famille Hascoet, les…(illisible)
Affectueuses caresses.
Ton mari qui t’embrasse de bien loin.
Le Gall Corentin


Courriers recueillis par les grands-parents de la famille Midy

Rambouillet, le 19 mai 1915

Chère Marie-Jeanne,
Depuis hier après-midi, je suis dans le train et je commence à être un peu fatigué. Il est midi et nous avons fait à peu près la moitié du chemin et nous avons une heure d’arrêt à Rambouillet pour se ravitailler. Demain, à cette heure, je serai près des « Boches » mais je ne m’en fais pas. Je crois bien qu’ils ne pourront pas me tuer encore cette fois. Je veux encore retourner au pays pour m’amuser avec les jeunes filles. Mais, ma chère Marie-Jeanne, vous avez de la chance qu’André reste toujours à piquer les oignons à Quimper et je crois bien que vous devez être contente de sa photographie et j’aurai bien voulu être comme lui. Il ne sera jamais tué et après la guerre vous serez toujours sûre d’où il vient et vous pourrez profiter un jour tandis qu’il y aura beaucoup qui resteront jeunes filles.
Je vous quitte en vous disant au revoir. A plus tard.
Mathurin
Kenavo- Hag chance vad da André que da (piqua) oignons.

Marseille le 12 janvier 1916
A Marie-Jeanne - Galvray - Pouldergat

Chère Marie-Jeanne,
Je vous envoie un petit mot pour vous dire que je suis en bonne santé, désirant que ma carte vous trouve de même. Je vous dis, chère Marie-Jeanne, que je suis à présent à Marseille prêt pour embarquer pour Salonique et je pense partir cette semaine. Enfin, ma chère Marie-Jeanne, je tâcherai de prendre du courage comme j’ai fait pour le front français. Enfin, envoyez-moi des nouvelles du pays car je ne suis pas prêt de rejoindre Douarnenez. Enfin, il faut espérer qu’un beau jour, si le Bon Dieu veut bien me laisser, ça arrivera un jour : je partirai avec courage et espoir de revenir. Je finis ma carte en vous embrassant de loin. Au revoir, ma chère Marie-Jeanne et sans adieu. Au plaisir d’avoir de vos nouvelles.

Ivry, le 20 mai 1916

Ma petite Marie-Jeanne,
Je vais vous écrire quelques mots pour vous donner de mes nouvelles qui sont toujours merveilles. Désirant que vous soyez de même. Demain, nous irons à l’enterrement de l’ancien ministre de la guerre, c'est-à-dire, Monsieur Galieni qui est mort à Versailles. Mais, Je crois qu’il sera enterré à Paris.
La nuit dernière, il y a eu un grand incendie à Ivry dans une usine, tout près de la Seine. C’était pitoyable de voir les flammes qu’il y avait. Enfin, ma chérie, prenez le soin, je crois que j’aurai une permission encore de 20 jours. Je ne suis pas encore sûr mais j’espère toujours. Et je finirai ma carte en vous embrassant de loin espoirde faire sans tarder de plus près.
Ton ami dévoué qui ne vous oublie pas.

Le 8 octobre 1916

Ma petite Marie-Jeanne,
Je te rends la réponse à ta charmante lettre que j’ai reçue depuis quelques jours avec plaisir, Ma chérie, je t’avais annoncé l’autre fois que j’aurais eu une permission, mais non les permissions de 4 jours sont supprimées. Maintenant, il faut qu’on aura 4 mois de zone pour avoir une permission de 7 jours. A présent, je pense les avoir vers la fête de Noël et je te quitte pour aujourd’hui en t’envoyant un bon baiser de loin. Veuillez agréer mes sentiments respectueux de ton ami éloigné Guy au 3ème colonial, 9ème bataillon, 35ème compagnie, section 187.

Le 26 Janvier 1917

Bien chère Marie-Jeanne,
Je vais vous rendre la réponse à ta carte que j’ai reçue avec joie et plaisir de savoir de tes nouvelles que vous êtes toujours en bonne santé et moi aussi, je me porte toujours bien aussi pour le moment et j’espère que ma carte vous trouvera de même, Dieu merci. Ma chère Marie-Jeanne, vous me dîtes aussi que Joseph a été en perme mais il n’est pas encore « venu de retour ». Maintenant, ma chère Marie-Jeanne, je vous dis aussi que je suis encore au repos pour le moment mais je vous assure qu’il fait frais par ici. Voilà plus de vingt jours qu’on a de la neige par ici. Maintenant, je n’ai plus rien à vous dire pour le moment, je finis ma carte à ….

Vendredi le 16 mars 1917

Chères amies,
Je vous rends une petite réponse de votre lettre qui m’avait fait un grand plaisir de savoir comme vous aviez bien amuser avec mon petit copain pendant sa permission. Et depuis, je me porte très bien et lui aussi. En désirant que vous soyez de même à la présence de ma petite carte. Chère Jeanne, les nouvelles sont si rares en ce moment. Mais quand-même depuis un mois, nous avons bien vu des choses dans tous les patelins quand on a passé. Le plus « emmerdant », c’est le jour que  Alain est arrivé de perme, on n’avait pas pu trouver un litre de vin pour lui faire passer le cafard car pour mon idée, je crois qu’il avait eu du chagrin pour vous quitter. Pour aujourd’hui, je ferme ma carte en vous serrant une belle poignée de main avec le plaisir de faire encore un beau jour surtout si j’aurai la veine d’aller voir ses parents au petit bourg.
Gloaguen J 293ème -17ème– 163
Ha hente Guel.

Dijon, le 11 décembre 1918

Marie-Jeanne, Kerlaoueret Pouldergat.
Chère sœur,
Deux mots pour te faire savoir que je dors en France. Je pense que pour Noël, je serai chez vous. Quel plaisir. Je pense aussi que dans deux ou trois jours d’ici, je me retrouverai au recrutement à Quimper mais je ne suis pas encore sûr. Bon courage en attendant.
Ton frère Daniel.

Obulsbustein le 7 mars 1919

21 SMI SP 67
Melle Marie-Jeanne,
Je viens de recevoir votre aimable carte avec plaisir de savoir de vos nouvelles. Avant de vous donner des miennes, je vous demande excuse de ne pas avoir fait plus tôt, mais mieux vaut tard que jamais, n’est-ce-pas ? Vous êtes toujours bien à Kerlaoueret, tant mieux pour vous surtout si vous ne vous ennuyez pas de trop. Pourtant certainement, ce n’est pas gai. C’est très gentil de votre part de penser un peu à moi. Je crois qu’ils sont rares ceux qui leurs pensées s’envolent vers moi.
Dans cette…., je ne m’y plais guère quoique je ne suis pas trop malheureux. Enfin, je pourrai tout de même être plus heureux mais hélas ces jours sont encore assez loin. Qu’en dites-vous ? Alors, vous attendiez vraiment de mes nouvelles ? C’est regrettable que je devienne flémard pour écrire. Recevez chère Marie-Jeanne, toutes mes meilleures amitiés. Bien le bonjour à votre frère.



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